DRT préempté par un fonds
Le fabricant familial landais d'ingrédients issus de la chimie du végétal réalisant 500 M€ de chiffre d'affaires est valorisé près de 1 Md€ par Ardian. Actionnaire minoritaire depuis 2014, Tikehau Capital réinvestit, tout comme certains des actionnaires familiaux.
Depuis l'arrivée à sa tête de Laurent Labatut (photo ci-contre) en 2005, Les Dérivés Résiniques et Terpéniques (DRT) a véritablement changé d'envergure, passant de 130 M€ de chiffre d'affaires à l'époque à 500 M€ en 2017. Aujourd'hui, ce groupe familial landais spécialisé dans la chimie du végétal s'apprête à se doter de nouveaux ingrédients pour poursuivre sa très forte croissance. Les 140 héritiers de ses sept familles fondatrices et Tikehau Capital, son actionnaire à 30 %, viennent, en effet, d'entrer en négociations exclusives avec Ardian en vue de lui céder la majorité du capital. Conseillé par les équipes de Transaction R côté cédants et par celles de Raphaël Financial Advisory côté acquéreur, ce LBO primaire qui s'appuiera sur un financement de type cov-lite arrangé par BNP Paribas, Crédit Agricole CIB et Société Générale CIB, valorisera le groupe environ 1 Md€.
Package de financement d'environ 500 M€
« En réalité, il n'y a pas eu de processus de vente, explique Martin Volatier, managing director chez Transaction R, qui conseille les actionnaires du groupe depuis 2014. Deux fonds se sont mobilisés d'eux-mêmes sur ce dossier et ont mené un travail amont très important qui a abouti à la remise de deux offres indicatives à la rentrée. Celle d'Ardian qui proposait une valorisation attractive et prévoyait un plan de développement très ambitieux, s'est finalement affermie et a convaincu la majorité des actionnaires. » Encore soumise à certaines conditions, comme l'approbation des autorités de la concurrence et la signature d'un accord définitif, cette opération dont le package de financement s'approcherait, selon nos sources, des 500 M€, bénéficiera du soutien de l'équipe de management, qui reste en place, mais aussi de certains actionnaires familiaux et de Tikehau Capital.
Plus-value de l'ordre de 153 M€ pour Tikehau Capital
Entré en 2014, ce dernier avait dans un premier temps investi 5 M€ dans le fabricant de dérivés résiniques et terpéniques en échange d'une participation de 5 % à son capital (lire ci-dessous). Et ce, dans le cadre d'une opération qui avait permis d'offrir une liquidité à certains actionnaires familiaux. Deux ans plus tard, il était ensuite monté à 30 % des parts en réinvestissant 35 M€ à l'occasion du rachat par DRT de son concurrent américain Pinova auprès de Symrise pour 140 M$ (lire ci-dessous). « Cette acquisition formidablement intégrée et digérée a donné une nouvelle dimension au groupe, souligne Thomas Grob (photo ci-contre), co-directeur des activités d’investissement en capital de Tikehau Capital. Depuis, ses projets de croissance ont changé d'échelle et nous sommes convaincus que l'arrivée d'un investisseur comme Ardian permettra de les mener à bien. C'est pourquoi nous avons décidé de réinvestir dans la transaction une part significative de notre plus-value, laquelle est estimée à environ 153 M€. »
Plus de 85 M€ investis dans la croissance organique en trois ans
Pour l'heure, la nouvelle répartition du capital n'est pas encore connue mais Ardian devrait être très largement majoritaire. En « concurrence » avec Bridgepoint sur ce dossier, l'investisseur qui suivait la société depuis longtemps et était en contact avec son dirigeant depuis plusieurs années, tout comme son conseil financier Benoît O'Mahony, signera là un nouveau beau LBO propriétaire, après notamment Hypred, Assystem ou Grand Frais (voir sa fiche ci-dessous). « DRT qui fabrique des ingrédients principalement issus d'essences de pins pour différents marchés finaux (arômes et parfums, santé et nutrition, adhésifs et revêtements, agriculture, etc.), est un leader de la chimie verte et de la chimie du végétal, insiste Thibault Basquin (photo ci-contre), managing director chez Ardian Mid Cap Buyout. Il se situe donc à la frontière de deux de nos secteurs clés. » Bénéficiant de fortes barrières à l'entrée, ce groupe très innovant qui a investi plus de 85 M€ dans des projets de croissance organique ces trois dernières années, notamment pour financer l'ouverture de nouveaux sites aux États-Unis et en Inde et renforcer ses capacités en France, dispose d'un important potentiel de développement.
Doubler de taille d'ici à 2022
« Nous allons, dans un premier temps, nous assurer de la montée en puissance des sites existants, explique Thibault Basquin. Nous prévoyons également plus de 100 M€ de nouveaux investissements en France, en Inde et aux États-Unis dans les cinq prochaines années et avons également défini une stratégie de croissance externe ambitieuse. Et ce, en vue de renforcer les technologies ou les positions de marché du groupe, mais aussi de lui permettre de se déployer sur de nouveaux marchés ou dans de nouveaux pays. Nous avons d'ailleurs déjà identifié un certain nombre de cibles de différentes tailles. » Basé à Dax, DRT qui réalise aujourd'hui plus de 80 % de son activité hors de France, dont 25 % en Amérique du Nord et plus de 10 % en Asie - zones dans lesquelles il aimerait encore pousser ses pions -, s'intéresserait notamment au marché de la cosmétique. Employant près de 1 300 personnes dans le monde entre quatre sites de production en France, deux aux États-Unis, trois en Inde et un en Chine, le groupe dont environ 30 % du chiffre d'affaires serait alimenté par le secteur de la parfumerie (compte tenu des propriétés olfactives - mais aussi adhésives - de ses produits), vise une croissance rapide. D'après nos sources, il espère, en effet, doubler de taille d'ici à 2022, pour s'approcher du milliard d'euros de chiffre d'affaires.