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Par Anne Drif

Chimie verte : la pépite des Landes DRT passe sous pavillon suisse

Le poids lourd mondial des arômes Firmenich réalise la plus grosse acquisition de son histoire en rachetant le spécialiste des dérivés du pin plus de 1,7 milliard d'euros. Le leader familial dame le pion à ses concurrents des arômes, Symrise et Givaudan, et s'ouvre les nouveaux marchés des ingrédients verts de la construction et de l'agriculture.

 

La pépite française de la chimie verte DRT rejoint la première division des géants des arômes. Et retrouve un ADN familial. Le fonds d'investissement Ardian cède le contrôle de la société des Landes au poids lourd suisse familial Firmenich. L'entreprise de 1.500 salariés dont les produits issus de la résine de pin entrent dans la composition d'élastomères, d'adhésifs, ou encore des produits pharmaceutiques se voit valorisée plus de 1,7 milliard d'euros dans le cadre des discussions menées par Citi et Rothschild & Co. C'est la plus grosse acquisition jamais réalisée par Firmenich depuis sa fondation à Genève en 1895.

La société helvétique dame ainsi le pion à ses grands concurrentsGivaudan , IFF et Symrise, avec qui elle se livre une compétition acérée. Forte de 4 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires, elle s'ouvre avec la société des Landes tout un nouveau pan industriel des ingrédients verts dédiés aux secteurs de la construction et de l'agriculture.

Bataille

Une opération qui intervient alors que Firmenich se dispute le capital d'une autre entreprise française, l'entreprise grassoise Robertet. L'an dernier, le groupe suisse a fait une entrée inopinée dans cet autre producteur de matières premières naturelles faisant bondir sa capitalisation à près de 2 milliards d'euros fin décembre. Mais début février, son rival Givaudan a riposté en s'invitant à son capital pour un peu moins de 5 %.

S'il n'a pas mis la main sur Robertet, Firmenich va donc pouvoir avec DRT, dont il est un client depuis trente ans, sécuriser une partie de son approvisionnement.

Circuits courts et traçabilité

« Cette acquisition européenne s'inscrit dans le reploiement en cours des chaînes de production des industriels au plus près de leur circuit de commercialisation local, en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, un virage accéléré par la crise sanitaire, explique Thibault Basquin, managing director d'Ardian Buyout. L'objectif est de produire sur des circuits plus courts, de mieux maîtriser la traçabilité des produits et la qualité des fournisseurs, plutôt que de concentrer toute sa production dans une zone géographique en particulier. Cette logique est essentielle pour les produits de chimie verte ».

DRT, qui réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires à l'international, est bien positionné puisqu'il gère deux usines aux Etats-Unis, pas moins de quatre en France, ainsi qu'en Inde et en Chine.

Aux côtés des branches familiales et de Tikehau, la société lancée dans les années trente par six sylviculteurs a connu une forte croissance sous le contrôle d'Ardian. En l'espace de deux ans, DRT a enregistré une croissance de plus de 25 % de son chiffre d'affaires pour atteindre 550 millions d'euros de revenus. Ses résultats (près de 70 millions d'euros d'Ebitda en 2017) ont connu une progression similaire. Ardian l'avait déjà racheté sur la base de quinze fois l'Ebitda.

Sous la direction de Laurent Labatut, DRT a fortement investi dans son outil industriel, avec plus de 150 millions redéployés en particulier dans les Landes pour accroître ses capacités de production. « Comme DRT, Firmenich est très investi dans la recherche et développement à laquelle il consacre plus de 10 % de son chiffre d'affaires annuel consacré aux innovations », se félicite le président-directeur général de l'entreprise française.